La France prend les devants dans la lutte contre les injections illégales

Le vendredi 31 mai, un décret a été publié au Journal officiel français, afin de limiter l’achat et l’utilisation de l’acide hyaluronique intradermique et sous-cutané aux seuls médecins et chirurgiens-dentistes.

Extrait du décret

« Section 12
« Dispositifs soumis à certaines conditions de vente, de revente ou d’utilisation


« Art. R. 5211-72. – Ne peuvent être mis à disposition à titre gratuit ou onéreux qu’aux médecins pour leur usage professionnel et, sur leur prescription, à leurs patients :
« 1° Les dispositifs médicaux injectables, quel que soit le mode d’introduction, y compris intradermique, contenant de l’acide hyaluronique ;
« 2° Les produits injectables, quel que soit le mode d’introduction, y compris intradermique, n’ayant pas de destination médicale, mentionnés au 3 de l’annexe XVI du règlement (UE) 2017/745 du Parlement européen et du Conseil du 5 avril 2017 relatif aux dispositifs médicaux, contenant de l’acide hyaluronique.


« Art. R. 5211-73. – Les dispositifs mentionnés au 1° de l’article R. 5211-72 peuvent également être mis à disposition, dans les mêmes conditions, aux chirurgiens-dentistes et à leurs patients. »

Le contexte

Le fléau des fake injecteurs s’accroit de jour en jour. Le nombre d’injections réalisées par des non-médecins est en nette augmentation. Ce décret français devrait inspirer les autres pays d’Europe pour lutter contre les injections illégales qui peuvent mettre en danger l’intégrité physique des patients.

En interdisant l’achat de seringue d’acide hyaluronique ou le don gratuit à tout autre personne que des docteurs en médecine ou chirurgien-dentiste, ce pays se dote d’un outil de lutte contre les « fake injector ». La France prend conscience de ce problème de santé public.

Les effets réels de ce décret

Une communication et une éducation du public plus simple 

Il sera plus simple pour les praticiens, pour les autorités, et pour tout un chacun de dire que dorénavant il est interdit de se fournir de l’acide hyaluronique autrement qu’en étant médecin au chirurgien-dentiste.  

C’est un message simple qui pourra être compris par le plus grand nombre et conduira plus facilement à faire la distinction entre les injecteurs illégaux et les injecteurs autorisés. Il en va de la responsabilité des docteurs en médecine et des chirurgiens-dentistes de faire la promotion de ce cadre légal.  Les professionnels habilités se devront d’être exemplaire dans leurs pratiques et donc de garantir une prise en charge optimale et sécuritaire pour leurs patients.

Une mise en application délicate 

Il sera très difficile de contrôler la mise en application de ce décret. En effet il existe un marché noir important de revente de seringues d’acide hyaluronique et les acteurs du marché ne sont pas toujours très transparents.  Mais c’est une bonne étape et un bon message envoyé au grand publique.

Une confiance faite aux médecins qui doit être honorée

De notre côté, cela renforce notre obligation de formation et notre responsabilité vis-à-vis de nos patients. En confirmant le cadre légal en France pour l’achat d’acide hyaluronique, cela oblige les professionnels autorisés à augmenter leur niveau de formation et de sécurité des actes médicaux à visée esthétique. Cela renvoie directement à la nécessité de formation des professionnels de santé. Actuellement la médecine esthétique n’est pas une spécialité en tant que telle. Il existe donc plusieurs façons de se former.

À travers des DU, DIU qui aborde une partie de la spécialité, les Workshops de l’industrie, le parrainage, les formations privées plus ou moins complètes et de qualité variable, il est important de choisir des formations qui se base sur les publications scientifiques ainsi qu’une faculté d’enseignant de tout premier ordre avec un fort rayonnement.

Pour rappel, le docteur en médecine est depuis longtemps autorisé à faire des injections d’acide hyaluronique. Cependant, il est de son devoir de se former et de faire valoir sa formation auprès des assurances, auprès de ses patients, en cas de conflit ou d’effets secondaires.

La qualité et le sérieux de la formation initiale, aussi bien sur le plan théorique que pratique seront analysés. Il en va donc de la responsabilité du médecin de faire le choix d’une formation exhaustive rigoureuse et accréditée sur le plan pédagogique par L’Union européenne des médecins spécialistes (UEMS). C’est le cas de la formation SAMBA qui délivre des points de formation continue CME à travers la phase théorique et la phase pratique.

Des spécialistes qui doivent regarder où est véritablement le problème 

Ce décret montre la confiance des autorités dans le corps médical pour assurer des actes à visée esthétique sécuritaires. Mon expérience et la réalité du terrain montrent que, parfois, les égos et les guerres de clochers prennent le dessus sur l’unité au service des patients et la santé publique. Dans beaucoup de pays, les médecins de différentes spécialités (dermatologues, plasticiens, médecins esthétiques, ou autre) se livrent à des petites batailles pour s’approprier la paternité et l’exclusivité de la pratique de la médecine esthétique. De mon point de vue, la bataille ne doit pas être livrée sur ce terrain-là. Elle doit être livrée sur celui de la lutte contre les injecteurs illégaux qui accaparent une partie colossale du marché de la médecine esthétique. Ce fléau qui s’affranchit des règlements, de l’hygiène, de la sécurité, des charges, et de la fiscalité en mettant en danger nos patients doit être éradiqué.

Il est donc grand temps de parler d’une seule voix, de s’unir pour augmenter la qualité de nos soins, améliorer la communication envers les patients et éteindre définitivement et durablement le fléau des « fake injectors » qui prolifèrent dans toutes les villes de tous les pays du monde. La formation que nous avons créée au sein de SAMBA est le seul exemple européen actuel de collaboration entre les 3 spécialités majeures qui font la médecine esthétique (plasticiens, dermatologues et généralistes). Ces 3 spécialités accueillent les meilleurs praticiens en médecine esthétique en leur sein.  La mise en commun des compétences et la formation commune sont la seule et unique voie viable.

Car il ne faut pas être trop naïf, les prochaines étapes de réglementation iront vers plus d’ouverture vers les infirmières ou du personnel qualifié. C’est la loi de l’offre et de la demande.  Le médecin deviendra donc un superviseur et il est donc très important d’avoir une Corporation puissante de médecins pratiquant la médecine esthétique ; une corporation qui, dès maintenant, s’entende autour de projets de formation et de reconnaissance de formation commune.

En résumé, médecins de toute spécialité, formez-vous à la médecine esthétique, car c’est une spécialité et des compétences à part que l’on n’acquiert ni en dermatologie, ni en chirurgie plastique, ni en médecine générale et qui nécessitent donc un apprentissage théorique et pratique complet.

Pourquoi faut-il réglementer et limiter l’utilisation d’acide hyaluronique aux professionnels de santé autorisés et formés ?

Les injections d’acide hyaluronique sont très en vogue depuis quelques années. Mais elles présentent des risques graves pour l’intégrité physique des patients si ces injections ne sont pas réalisées dans de bonnes conditions de sécurité.

La complication majeure et essentielle de l’acide hyaluronique est l’embolisation artérielle. En effet, l’acide hyaluronique est un gel occlusif. Si lors de l’injection, l’aiguille ou la micro-canule pénètre dans la lumière d’une artère, le produit délivré va emboliser cette artère.

Dès lors que les tissus en aval se retrouvent privés de sang, donc privés d’oxygène, c’est l’ischémie.

Si les bons gestes ne sont pas appliqués, cette ischémie va conduire à la nécrose du tissu pouvant, selon la localisation, engendrer des pertes tissulaires (pointe du nez, lèvres) des cicatrices profondes, voir une cécité (occlusion de l’artère centrale de la rétine).

Le praticien doit donc, pour limiter les risques, maîtriser parfaitement l’anatomie du visage, le parcours des artères et les différentes couches qui composent le visage.  Il doit également maîtriser son outil, à savoir la seringue montée avec une aiguille ou une micro-canule et connaître parfaitement l’endroit où il injecte pour limiter le risque d’injection intra-artérielle. De plus, le praticien doit maîtriser des concepts sécuritaires tels que les quantités maximums à ne pas dépasser sur une injection et les signes d’alerte.  Si malgré toutes ces précautions, le médecin se trouve face à une injection intra-artérielle, il doit pouvoir la détecter. Enfin, il doit pouvoir la prendre en charge avec le protocole validé et publié.

En conclusion

Ce décret est donc un bon signe envoyé au grand public et aux professionnels de santé. C’est une étape de plus vers l’harmonisation des pratiques souhaitées par tous les acteurs de la médecine esthétique. Plus les médecins se formeront, plus ils seront performants, plus ils pourront assainir et donner un cadre sécuritaire et éthique à la médecine esthétique. Les prochaines étapes sont donc de créer des communautés de médecins partageant des connaissances faisant consensus et des valeurs communes.

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