L’Embolisation en médecine esthétique : Retour d’expériences et bonnes pratiques

L’embolisation artérielle, sujet tabou et rarement évoqué, est une complication redoutée en médecine esthétique lors des injections d’acide hyaluronique. Cet article revient sur un échange inédit de plusieurs cas cliniques rencontrés par les docteurs Marie Nichanian-Broglia, Guilhem Poron, David Rousset et Clément Guyot, et met en lumière les bonnes pratiques pour gérer efficacement ces situations délicates.

Qu’est-ce que l’embolisation ?

L’embolisation se produit lorsqu’un produit injecté bouche une artère, provoquant ainsi une ischémie. Bien que le risque soit faible, il nécessite une prise en charge rapide et adaptée. La formation et l’expérience du médecin permettent de réduire le risque de complications majeures.

Études de cas : quand l’embolisation devient une réalité

Plusieurs expériences marquantes partagées par nos médecins :

  • Cas du Dr. Guyot : « J’injectais de l’acide hyaluronique au niveau du sillon nasogénien. Je n’ai pas remarqué de signes immédiats d’ischémie, mais la patiente m’a signalé des complications quelques heures après l’injection. La quantité que j’ai injectée était de 0.10 ml d’un acide hyaluronique assez dense. »
  • Cas du Dr. Rousset : « L’embolisation est survenue suite à une injection d’un acide hyaluronique peu réticulé sur la glabelle, qui a provoqué une ischémie restée localisée, mais que j’ai pu rapidement résoudre grâce à l’administration de hyaluronidase. »
  • Cas du Dr. Nichanian-Broglia : « J’ai voulu faire une correction au niveau de la tempe. Le dernier bolus injecté a entraîné un blanchiment cutané qui nécessitait une intervention rapide. J’ai injecté moins de 0.05ml d’acide hyaluronique. »
  • Cas du Dr. Poron : « L’embolisation est survenue suite à une rhinoplastie médicale à la canule. Cette situation a entraîné du stress, mais j’ai pu la gérer avec succès. La quantité que j’ai injectée se situait entre 0.05ml et 0,10ml. »

Comment réagir face à une embolisation ?

1. Identification immédiate des signaux d’alerte

Dr. Nichanian-Broglia rappelle l’importance de reconnaître les premiers signes d’embolisation, tels qu’un blanchiment cutané, une douleur inhabituelle, une gêne oculaire, un livédo ou encore une vascularite, et d’agir sans tarder. L’hyaluronidase doit être immédiatement disponible et injectée en quantité suffisante. La doctoresse explique que le manque d’expérience peut parfois être la raison pour laquelle le résultat obtenu est privilégié au détriment d’une bonne prise en charge de l’accident. Ce raisonnement pousse certains médecins à ne pas injecter suffisamment d’hyaluronidase, mais « ce raisonnement n’a pas sa place dans la médecine esthétique » insiste Dr. Nichanian-Broglia.

2. Ne jamais sous-évaluer le risque

Dr. Rousset rappelle qu’il est préférable de traiter par hyaluronidase à l’excès plutôt que de minimiser une embolisation potentielle, cela passe par l’injection d’une quantité suffisante d’hyaluronidase.  De plus, une action rapide permet d’éviter des séquelles importantes. Encore beaucoup d’articles scientifiques mentionnent l’utilisation de la canule comme solution pour éviter le risque d’embolisation. Cette affirmation est totalement fausse, car il pourrait même être dans certain cas beaucoup plus risqué d’injecter à la canule. Comme le souligne le Dr. Poron, « le risque zéro n’existe pas, on n’a pas moins de risque en injectant le sillon nasogénien que la glabelle. »

3. Appliquer les protocoles sans hésitation

En cas de problème embolique, il est important de suivre des protocoles bien définis, d’où l’intérêt de bien se former et surtout, de façon continue. De cette manière, il est primordial d’être bien équipé en toute circonstance, cela passe par un stock d’hyaluronidase suffisant (4000 ui) que ce soit en cabinet ou, dans le cas d’une urgence, durant le transport. Lors de l’injection, il est important d’agir avec délicatesse et de bien respecter la douleur du patient « le geste ne doit jamais être fait avec précipitation » insiste Dr. Rousset.

4. Rassurer le patient

Seuls les médecins qui n’injectent pas n’embolisent pas. Il est donc tout à fait normal que ces incidents se produisent, mais ceux-ci peuvent malgré tout sérieusement compromettre le lien de confiance établi avec le patient. Pour cette raison, une prise en charge rassurante et un suivi post-injection permettent d’éviter le stress et d’assurer une récupération optimale. Il est important de faire comprendre au patient que c’est un problème auquel les médecins sont capables de faire face. De plus, l’éducation est également indispensable dans la prise en charge des patients, ceux-ci doivent être au courant des symptômes en cas de problème afin de prendre contact avec leur médecin au plus vite. « Les médecins esthétiques ont la responsabilité de diffuser l’information. Nous pouvons faire des choses incroyables avec l’acide hyaluronique mais il y a toujours un risque, mais si on est bien formé, on arrive à une restitution ad integrum. » assure le Dr. Poron.

Les leçons à retenir :

  • Formation continue : Maîtriser l’anatomie, ses outils (aiguille ou canules) et rester informé des dernières recommandations. Appliquer les recommandations de bonnes pratiques à chaque injection tout au long de sa carrière.
  • Gestion du stress : Rester calme face à l’imprévu pour rassurer le patient.
  • Disponibilité et suivi : Assurer une prise en charge du patient efficace et l’accompagner durant tout le processus. Rester attentif aux réactions du patient et à l’écoute de la douleur.
  • Utilisation sans modération de l’hyaluronidase : Ne pas hésiter à en administrer en quantité suffisante dès qu’un doute surgit.

Conclusion

L’embolisation est une complication rare, mais bien réelle en médecine esthétique. Grâce à une bonne formation, une prise en charge rapide et une approche rigoureuse, il est possible d’en minimiser les conséquences et d’assurer la sécurité des patients. En effet, les expériences partagées par les médecins nous rappellent que la sécurité du patient doit toujours primer sur l’aspect esthétique. Il est intéressant de constater que la plupart des incidents partagés dans cet article sont survenus lors de petites corrections, souvent sur le dernier bolus. Une bonne piqûre de rappel qui confirme que « le mieux est l’ennemi du bien » comme le déclare Dr. Nichanian-Broglia, qui nous explique qu’il est parfois préférable de se contenter du bon résultat obtenu, plutôt que de chercher à l’améliorer, au risque de le détériorer. Enfin, il est inutile de s’interdire des zones de traitement par peur qu’un incident survienne, car, comme le rappelle le Dr. Poron « il n’y a pas de zone sans risque, mais une bonne formation, une réaction rapide et appropriée permet d’obtenir un retour à l’intégrité cutanée et éviter les complications graves. »

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