En épilation permanente on utilise des longueurs d’onde qui vont être absorbées par la couleur noire et en l’occurrence par la mélanine dans le corps humain.
La mélanine, on en trouve sur la peau, au sein des lentigines, des éphélides ou des naevus, mais également sous la peau dans les poils noirs, et le derme.
Le processus d’épilation laser
Lorsque le spécialiste en laser appuie sur la gâchette de la pièce à main, un tir de laser est délivré.
Lors de l’impact à la surface de la peau, un laser épilatoire va être absorbé par tout ce qui est noir. Si vous avez une peau blanche et un poil noir, le poil absorbe l’énergie du laser de manière sélective.
L’énergie du laser est ensuite guidée à travers la tige pilaire jusqu’au bulbe et à la papille dermique du poil. Le bulbe peut être considéré comme l’usine de production du poil.
La chaleur intense qui arrive jusqu’au bulbe va provoquer la destruction de l’usine par un phénomène de photo thermolyse sélective.
Ce poil-là ne repoussera plus jamais.
Mais alors, me direz-vous comment fait-on si la peau est noire ou bronzée ?
Très bonne question, dès lors, on va utiliser un laser moins spécifique de l’absorption de mélanine et on pariera sur la concentration de mélanine dans les poils pour que, malgré la couleur de peau, le poil absorbe l’essentiel de l’énergie du laser tout en préservant le derme pour obtenir une photo thermolyse sélective.
Voilà pourquoi on va utiliser des lasers de type Alexandrite ou Diode sur des peaux claires avec des poils parfois un peu plus clairs, mais une spécificité importante du laser pour la mélanine.
Et on utilisera un laser Yag pour des peaux foncées avec des poils épais et noirs, très riches en mélanine, mais un laser ayant une spécificité moindre pour la mélanine.
C’est à ce niveau qu’intervient l’expertise du médecin pour avoir une analyse clinique précise du phototype, du type de poil, et donc du laser à utiliser et des paramètres à adopter pour obtenir un traitement efficace et sûr.
En consultation j’explique à chaque patient comment fonctionne le laser, le phénomène de mélanine du poil, de mélanine de la peau, l’impact du bronzage sur la sécurité et donc l’efficacité des traitements pour pouvoir réaliser un traitement dans de bonnes conditions.
Je dis très souvent aux patients qu’une épilation laser bien conduite, c’est une bonne entente entre l’opérateur et le patient, et cela passe donc par une bonne compréhension du traitement qui va être délivré.
Certains disent que l’épilation laser c’était avant tout une destruction vasculaire
Non, l’épilation laser c’est une photo thermolyse sélective avec comme chromophore la mélanine.
Mais il est vrai que l’absorption d’énergie et donc l’augmentation de température de la tige pilaire produit une destruction du bulbe de la papille pilaire et cautérise également les capillaires qui nourrissent la papille c’est donc un phénomène accessoire lié à la montée en température, mais pas une photo thermolyse sélective vasculaire avec un chromophore cible rouge.
Sur les peaux foncées, le phénomène est un peu plus marqué, car le Nd-YAG a une absorption moindre dans la mélanine et va plus en profondeur, même si le phénomène principal reste une photo thermolyse sélective liée à la mélanine, il y a également une photocoagulation des vaisseaux de la papille dermique du poil.
Donc, si vous souhaitez avoir une épilation laser efficace, il faut :
- Un bon médecin esthétique, avec une bonne formation en Laser médicaux qui va savoir analyser votre type de peau, votre type de poils, et l’évolution au cours de l’année.
- Un bon plateau technique avec des lasers épilatoires puissants et couvrant tous les phototypes.
- Un bon protocole de traitement, ni trop de séances, ni pas assez, juste ce que nous dit la littérature scientifique.
Le bon protocole en laser épilatoire
La vie du poil
Pour bien comprendre au préalable, parlons un peu de la vie du poil.
Un poil ça vit, et ça meurt.
Les phases de la vie du poil sont les suivantes :
- La phase anagène, qui est la phase de croissance du poil. Celui-ci traverse le derme en partant de la papille pousse et se stabilise comme un poil adulte.
- La phase catagène, la croissance est terminée, le poil se rétracte, le follicule diminue de taille et devient moins sensible au laser et il se détache du bulbe. Il reste enchâssé dans le derme.
- La phase télogène, le poil finit par être progressivement expulsé pour tomber et être remplacé par un nouveau poil dans une phase anagène.
En moyenne, on perd chaque jour entre 100 et 150 poils terminaux. Essentiellement des cheveux, mais évidemment aussi sur les zones du corps, bikini, aisselles, et jambes.
Donc, si vous avez bien compris comment fonctionne la photo thermolyse sélective, vous comprenez intuitivement que seuls les poils en phase anagène permettront la destruction des bulbes et une épilation permanente.
Seulement, des poils en phase anagène, il y en a un pourcentage réduit de l’ordre de 15 à 20% selon les différentes études, à un instant donné sur notre corps.
C’est pourquoi il faut répéter les séances pour « attraper » des poils en phase anagène. Si on traite entre 10 et 15 % des poils par séance, il faut 8 séances pour avoir un résultat complet.
L’intervalle entre les séances est un compromis, car les phases de croissance des poils ne sont pas les mêmes selon la zone. Mais l’important est d’avoir des intervalles réguliers pour pouvoir traiter à chaque fois un certain nombre de poils qui sont passés en phase anagène.
De plus, si le traitement est fait à intervalles réguliers, la chaleur intense qui diffuse dans les zones bulbaires produit un ralentissement global de la pousse, avec des poils plus fins et une certaine synchronisation de la pousse de poil rendant les séances plus efficaces au fur et à mesure du traitement.
Les patients voient d’ailleurs souvent une repousse tardive après 3 ou 4 séances et soudain la sensation que tout repousse. En réalité la pousse des poils s’est synchronisée, en rythme avec les séances précédentes. Les poils sont plus nombreux en phase anagène à ce moment et ces séances sont cruciales pour l’efficacité du traitement.
D’où l’impact parfois des pauses estivales lorsque les patients vont bronzer. Il faut donc bien expliquer aux patients les conséquences d’une pause estivale. En général cela peut induire quelques séances supplémentaires pour obtenir un résultat parfait.
Raser ou ne pas raser avant le traitement ?
« Évidemment raser ; et fraîchement, la veille, le matin même, ou juste avant la séance »
En effet la partie extérieure du poil que l’on voit et que l’on touche ne présente aucun intérêt en laser épilatoire, puisque c’est la tige pilaire sous-cutanée qui dirige l’énergie vers le bulbe et la papille.
Pire encore, le poil visible absorbe tout de même de l’énergie et crée donc une déperdition d’efficacité. De plus, le poil plaqué par la tête du laser et chauffé à plus de 60° laisse de petites traces marron visibles à la surface de la peau. Bref, en épilation laser, on rase avant le traitement.
Raser ou épiler ?
Si vous avez bien suivi, on veut traiter des poils en phase anagène à chaque séance. Un certain pourcentage de ces poils va être impacté par la photo thermolyse sélective. Si, entre les séances vous épilez en arrachant les poils avec de la cire ou une machine épilatoire, vous ne permettez pas au cycle pilaire de suivre son cours, donc vous empêchez les poils d’atteindre la phase anagène et de pouvoir être candidat allez à la fameuse photothermolyse sélective.
Il est donc essentiel, dès que l’on a commencé un traitement par laser épilatoire, de ne faire que raser entre les séances. En revanche, on peut raser autant que l’on veut entre chaque séance.
Les poils terminaux versus duvet
Les poils terminaux sont épais, enchâssés profond dans le derme, riches en mélanine en général, et se trouvent naturellement sur les zones androgéniques (barbe, aisselle, bikini et jambes).
Le duvet, au contraire, est un poil fin avec peu ou pas de mélanine, plus superficielle, dans le derme et présent sur les zones non androgéniques et chez les enfants.
Il est très important de distinguer ces 2 types de poils, car le traitement du duvet en épilation laser est une contre-indication.
En effet, traiter un duvet expose le patient à un risque de stimulation paradoxale.
Le poil duveteux n’absorbant pas la mélanine, il n’y a pas de phénomène de photo thermolyse sélective. En revanche le laser chauffe la peau, créant une inflammation. Cette inflammation va envoyer un message stimulant au bulbe du duvet et celui-ci devient alors plus fourni, voire va se transformer en poils terminal.
J’ajoute qu’en épilation laser, il faut raser au préalable, ce qui de facto peut provoquer une stimulation du duvet au même titre qu’une épilation à la cire.
En résumé : le duvet, il ne faut jamais le toucher. Malgré cela, on voit souvent arriver en consultation des jeunes patients qui ont commencé à épiler le duvet qui s’est transformé en poils terminaux. Là encore, l’expertise du médecin prend tout son sens.
Le médecin va évaluer le bénéfice par rapport au risque de stimulation paradoxale.
Si « le mal est fait », on peut s’engager dans un traitement sur des zones duveteuses stimulées pour améliorer le quotidien du patient.
Il faut alors bien expliquer au patient qu’il est possible qu’il ait des traitements de laser au long cours.
Est-ce que c’est vraiment une épilation permanente ?
Oui, on peut estimer que l’épilation est permanente. Chaque poil ayant subi une photo thermolyse sélective en phase anagène ne repoussera jamais.
Ça, c’est sur le plan théorique, si les patients n’avaient aucune variation hormonale et que la production pilaire était stable et mature tout au long de la vie. Mais, évidemment, ce n’est pas le cas.
Deux facteurs principaux vont pouvoir induire des repousses et nécessitent donc un entretien avec le laser épilatoire.
Les variations hormonales :
Chez la femme, la puberté, la prise ou l’arrêt de contraception, les grossesses, l’allaitement, mais aussi toutes les variations hormonales infracliniques qui ne peuvent être détectées peuvent induire la production de nouveaux follicules pilaires qui n’existaient pas durant l’année du traitement épilatoire laser.
On peut donc voir apparaître des repousses sur les zones où il n’y avait plus rien pendant un certain temps. Il faut alors reprendre rendez-vous pour faire des séances dites d’entretien.
La maturité pilaire physiologique :
Chez la femme, selon les études, on estime que la maturité pilaire atteint son pic autour de l’âge des 30 ans.
De la puberté à l’âge de 30 ans, la production pilaire, la mélanogénèse, et la production sébacée sont croissantes. Une fois atteint ce pic, ces productions vont être stables, puis décroissantes jusqu’à la ménopause.
Il y a donc plus de chances après 30 ans, suite un traitement bien conduit, d’obtenir une épilation laser permanente avec moins d’entretien.
Cela dit une grande partie de mes patientes viennent vers l’âge de 20 ans.
En effet, même si la maturité pilaire intervient un peu plus tard, le bénéfice de commencer tôt est bien plus important que si l’on attend 15 à 20 ans après la puberté.
De plus, on ne peut pas prédire les variations hormonales à venir ni l’âge de maturité pilaire exact.
En résumé il vaut mieux commencer son traitement épilatoire tôt, après la puberté, pour avoir un bénéfice plus long, quitte à faire quelques séances d’entretien.
En parlant d’investissement, est-ce que c’est vraiment cher l’épilation laser ?
En épilation laser, on concentre tous les coûts sur une année. C’est certes un investissement initial important, mais cela reste bien moins cher que de faire à vie une épilation en institut ou même à la maison. Sans parler du gain de temps abyssal.
Évidemment, il est crucial de bien choisir la clinique et le médecin qui va superviser votre traitement pour que les paramétrages et l’évaluation des poils et de la peau donnent le meilleur résultat en toute sécurité.
